Ecologie progressiste | funeste oxymore!

Le 17 juin dernier, l’hebdomadaire Marianne consacrait un article à l’omniprésence de thèmes masochistes et mortifères dans les choix rédactionnels de ces nouveaux médias « jeunes » en ligne que sont Konbini, Brut, Vice, Slate et quelques autres.

« Ces rédactions développent une fascination morbide dans leur regard sur le monde. Lundi : tuer son fils handicapé ; mardi : se suicider en 2020 ; mercredi : refuser de faire un enfant dans un monde condamné à la catastrophe ; jeudi : être transformé en engrais après sa mort… et ainsi de suite. »

Marianne tenait là un vrai sujet mais s’est contentée de dresser un constat sur la base de quelques observations sans tenter d’analyser réellement le phénomène. Il y aurait pourtant eu bien des choses à dire. Si le thème de l’écologie sert ici souvent de prétexte – au travers de questionnements autour de la surconsommation, de l’explosion démographique, de l’empreinte carbone, du réchauffement climatique ou de remise en cause de nos modes de vie – on s’aperçoit assez vite que les solutions proposées par ces médias vont toutes dans le sens de l’éthos progressiste tel qu’il est promu par l’esprit du temps, éthos qu’ils se contentent de radicaliser (parfois jusqu’à la caricature). Loin de remettre réellement en cause la société industrielle ou le mode de production capitaliste, leurs lignes éditoriales préfèrent faire l’éloge du malthusianisme (l’avortement étant déjà presque un thème d’arrière-garde), de l’euthanasie ou du suicide : il ne s’agit plus de « changer la vie » (comme le prônaient les progressistes d’hier) mais d’y renoncer.

[C’est là tout le paradoxe : aujourd’hui certains écologistes (ou prétendus tels) se résignent à ne pas avoir d’enfants pour « sauver la planète », et ce faisant ils laissent le terrain libre à des enfants en moyenne moins conscients et moins responsables que ceux qu’ils auraient pu élever dans leurs valeurs s’ils leur avaient donné naissance. Leur malthusianisme, qui n’est que l’habillage intellectuel d’un instinct de mort, n’a rien de décroissant : il a au contraire pour conséquence d’empêcher l’existence d’une nouvelle génération de décroissants. C’est peut-être aussi ça le grand remplacement : inciter les siens à faire place nette pour laisser de l’espace pour les autres. Or l’histoire, tout comme la géographie, a horreur du vide… ]

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